Qu’est-ce que le "trait de côte"
- Le trait de côte morphologique : c’est la limite physique visible, comme le haut de plage, le pied de dune ou le rebord de falaise…
- Le trait de côte juridique : il correspond à la limite du domaine public maritime, fixée au niveau des plus hautes mers connues (hors tempêtes).
- l’érosion marine (houle, vagues, submersion),
- l’érosion continentale (ruissellement, affaissement des sols),
- et du changement climatique (montée du niveau de la mer, intensification des événements extrêmes).
Qu’est-ce que la stratégie de gestion intégrée du trait de côte ?
- Observer et anticiper : mieux comprendre les évolutions naturelles du littoral (recul, instabilités, ruissellement, etc.).
- Agir de manière graduée : privilégier les solutions proportionnées et adaptées au contexte local.
- Maintenir les usages ou accompagner leur évolution : restaurer un accès, renforcer un ouvrage, ou réorganiser un usage si nécessaire.
« La gestion intégrée du trait de côte vise à gérer durablement les territoires littoraux en prenant en compte les aléas naturels et les dynamiques côtières dans l’aménagement. » — Ministère de la Transition écologique
Le PNACC-3 : un cadre renforcé pour adapter les territoires littoraux
📌 Une stratégie actualisée dans le PNACC-3
La gestion intégrée du trait de côte (GITC) s’inscrit dans le Plan national d’adaptation au changement climatique – PNACC-3, officiellement lancé en 2024.
Ce plan reconnaît le recul du littoral comme un phénomène inéluctable à certains endroits, mais affirme aussi qu’il faut agir localement, progressivement, et de manière concertée pour adapter les territoires au lieu de les abandonner.
« L’aménagement durable des territoires littoraux exposés au recul du trait de côte doit anticiper et organiser la transformation partielle de ces territoires. […] Certains secteurs doivent faire l’objet d’une recomposition à long terme, sans pour autant vitrifier les usages. »
— PNACC-3, Mesure 4
Le plan prévoit notamment :
- 📍 La révision de la stratégie GITC nationale en 2025,
- 📍 L’accompagnement des communes pour produire des cartes locales d’exposition au recul du trait de côte,
- 📍 La création de PPA (Projets Partenariaux d’Aménagement) pour recomposer les territoires les plus exposés,
- 📍 Des outils adaptés pour rénovation, relocalisation ou renaturation, en concertation avec la population.
Il ne s’agit donc pas d’une logique d’abandon, mais bien d’une méthode d’adaptation territoriale sur le long terme, soutenue par des moyens et une ingénierie de projet.
Une stratégie d’adaptation, pas une politique d’abandon
📌 La gestion intégrée du trait de côte (GITC)
La gestion intégrée du trait de côte (GITC) est une politique publique initiée par l’État pour répondre à un constat : le littoral français est en constante évolution, sous l’effet de l’érosion, du changement climatique, et des activités humaines.
Face à cela, l’objectif n’est pas de tout figer ni de tout reculer, mais de coordonner les décisions locales en tenant compte :
des aléas (érosion marine, ruissellement, instabilités),
des enjeux humains et économiques,
et de la faisabilité technique et financière des solutions.
La stratégie encourage les collectivités à mieux connaître les risques, à adapter les usages si nécessaire, et à mobiliser les outils adaptés : entretien, protection, relocalisation, concertation, etc.
« Il ne s’agit pas d’appliquer une solution unique à tous les littoraux, mais de développer une gestion locale, graduée, cohérente et partagée. »
— Cerema, Guide technique 2021
On entend parfois que face à la mer, « il ne faut pas lutter ». Si ce principe peut s’appliquer dans certains cas où les aléas sont trop puissants ou les enjeux limités, il ne résume en rien la GITC. Au contraire : la stratégie nationale appelle à évaluer, adapter, entretenir ou recomposer selon les situations locales. Le repli n’est ni automatique, ni universel.
👉 Ce que la GITC n’est pas :
❌ Une politique d’abandon systématique des ouvrages existants,
❌ Un prétexte pour désengager la commune de ses responsabilités actuelles,
❌ Une règle automatique imposant le repli dès qu’il y a une falaise ou une instabilité.
🔎 À l’Anse aux Moines :
Dans le cas de l’Anse aux Moines, la mairie invoque la GITC pour justifier la fermeture prolongée du sentier littoral. Mais plusieurs points interrogent :
📍 Les études de Géolithe (2020, 2023) proposent des solutions de stabilisation et de drainage, sans évoquer un repli.
📍 Les ouvrages en place (digue, canalisations, revêtement…) doivent être restaurés.
📍 La population n’a pas été associée à une démarche de concertation, alors que c’est un pilier de la stratégie nationale.
📄 Ce que disait déjà les rapports Géolithe 06/2020 et 10/2020 :
Le rapport d’octobre 2020 commandé par la mairie de Plérin identifie des solutions claires pour mettre en sécurité le sentier GR34 :
La gestion des eaux de ruissellement est une priorité :
“Une gestion des eaux de ruissellement devra être pensée […] en vérifiant les capacités du regard présent” (page 14) ;Trois solutions de traitement :
paroi béton clouée, grillage renforcé avec ancrages, ou profilage avec mur en retrait ;Le projet est réalisable, malgré la densité des réseaux souterrains ;
Une solution par grillage était même jugée “probablement suffisante” après débroussaillage (page 21).
Conclusion : dès 2020, la sécurisation du sentier était techniquement envisageable. Le repli ou l’abandon n’a jamais été préconisé.
📄 Ce que confirment les rapports Géolithe 03/2023 et 10/2023 :
Les trois rapports de 2023 (mars, avril et octobre), commandés par la ville de Plérin, confirment que les désordres géotechniques affectant le sentier GR34 à l’Anse aux Moines sont avant tout liés à l’eau.
💧 L’eau comme cause principale :
“Les circulations d’eau souterraine particulièrement actives à cet axe” (mars 2023, p.13).
“La zone de fissure amont […] permet désormais une infiltration des eaux de ruissellement” (mars 2023, p.13).
“Les apports d’eau en excès viendront altérer et dégrader les caractéristiques mécaniques des sols meubles” (mars 2023, p.13).
🛠️ Le drainage au cœur des solutions proposées :
“Il conviendra de traiter en priorité les venues d’eau par la mise en œuvre de drains profonds.”
(AVP – octobre 2023, p.14)“L’amélioration du drainage de surface et l’entretien des regards sont également nécessaires.”
(AVP – octobre 2023, p.14)Le diagnostic du sentier (avril 2023) mentionne :
“de nombreuses venues d’eau en pied de versant” et un “talus incompatible avec une stabilité à long terme en l’état.”
(avril 2023, p.13)
Conclusion
Les rapports Géolithe de 2020 à 2023 soulignent que la stabilisation du site passe d’abord par un traitement des eaux, notamment via :
la pose de drains profonds en pied de talus,
la réhabilitation ou l’entretien des réseaux existants,
et la gestion du ruissellement en amont.
Comme en 2020, aucune évacuation ni repli du sentier n’est recommandé.
Les solutions sont techniquement simples, localisées, et compatibles avec une politique d’adaptation raisonnée.