POURQUOI TAHITI ?

Pour de nombreux habitants de Saint Laurent de la mer, aller à la plage à l’anse aux Moines, c’était se rendre à Tahiti. L’histoire a associé la plage, au bar guinguette éponyme, construit au bout de la digue promenade, qu’habillaient nombre de cabines de plage et de petits commerces, dès 1930. Sa dernière gérante fut madame Le Potier.

AU FIL DU TEMPS

Le front de mer de la pointe de l’Aigle à la pointe Chatern (plus prosaïquement, de la place Bagatelle, à l’extrémité de la rue des trois plages) a été aménagé à la fin du 19ème siècle, avec les premières concessions attribuées sur le Domaine Public Maritime, pour l’implantation de cabines de bains sur la digue promenade entre l’anse aux Moines et l’anse de la vierge. La digue promenade et les cabines de l’Anse à la Vierge sont plus anciens par rapport à l’Anse aux Moines. Des photos d’époque montrent qu’au tout début des années 1900, il n’y avait aucune construction ni quai promenade à l’Anse aux Moines…En 1892, il existait déjà un chemin rural qui menait du phare de la pointe de l’Aigle, à la grève de Saint Laurent de la mer. Les premières villas, inspirée de l’architecture balnéaire, furent construites au début du 20ème, sur la falaise au-dessus des deux anses.

La digue promenade, entre Moines et Vierge, est bâtie avec des murs de quai en moellons de granite et en schiste avec un revêtement en ciment sur la promenade. Elle est renforcée par des contreforts et est équipée d’escaliers, pour descendre sur la grève. La tour de guet, accessible par un ponteau, est datée du 19ème siècle et servait aux observations des douaniers. Le nom d’anse aux Moines semble confirmer la présence des moines de l’abbaye de Beauport. Pour l’Anse à la Vierge, certains terrains où se trouvaient les cabines ont appartenu à la Congrégation des Filles du Saint Esprit d’après les archives départementales.

Tour, digue promenade, cabines de bains, villas illustrent la qualité de l’environnement.

UNE PLAGE TRES FREQUENTÉE

Cet environnement et la facilité d’accès, pour les Laurentais, mais aussi les briochins firent le succès de la plage de « Tahiti » comme des plages de l’Anse à la Vierge, des Nouelles et des Bleuets : les quatre plages de Saint Laurent de la mer. Il ne faut pas oublier que la plage des Rosaires n’a pas toujours été accessible aisément, beaucoup venait à Saint Laurent de la mer et pas encore à Plérin les Rosaires

Abritée des vents d’ouest et du nord, au pied d’une falaise assez haute et exposée est sud est, l’anse aux Moines a un charme vaguement suranné avec sa digue promenade de pierres, sa petite tourelle, ses petits sentiers embaumés qui y descendent. Les rochers abondants promettent aux enfants des pêches inespérées. Un plongeoir a fait la joie des nombreux baigneurs et un poste de secours, construit au bout de la digue, permettait aux maîtres nageurs sauveteurs de surveiller les quatre plages, pompiers puis la SNSM au début des années 70. Il est un témoin fiable de la bonne fréquentation de la plage de Tahiti contemporaine, plage agréable bien exposée dont chacun pouvait profiter en toute sécurité.

La promenade du phare de la pointe de l’Aigle, à la pointe Chatern, en passant par les Nouelles, les Bleuets, puis le centre Héliomarin vers la pointe du Roselier, est remarquable. C’est le GR 34.

LA SITUATION AU JOUR D'AUJOURD'HUI

Depuis le 1er décembre 2022, les chemins d’accès à l’Anse aux Moines et à l’Anse à la Vierge sont interdits par arrêtés municipaux. Des études réalisées par le cabinet spécialisé GEOLITHE mandaté par la commune, montreraient la dangerosité du site (quais promenades et falaises). Outre les analyses que ce cabinet a réalisées, il a en conséquence établi des devis afin de rendre possible les accès aux plages précitées : ceci constitue la demande principale des Laurentais et plus généralement des Plérinais très attachés à leurs plages et qui d’ailleurs avaient manifesté leur mécontentement lors d’un rassemblement d’une centaine de personnes en présence de la presse sur le GR34 au-dessus de la plage de l’Anse aux Moines/Tahiti en juillet 2023. Des élus ainsi qu’un représentant de GEOLITHE étaient également présents. Ce rassemblement avait été organisé par le Collectif de défense de l’Anse aux Moines.

Il faut rappeler que ce collectif œuvrait depuis plusieurs années pour l’entretien et l’amélioration du site (destruction du bâtiment de l’ancien poste de secours devenu dangereux, mise en place de bancs, de tables,) en liaison avec la municipalité.

Au final, malgré plusieurs réunions communes avec la mairie et les représentants du collectif en 2023 et 2024 et plusieurs propositions d’accès alternatives, la municipalité a toujours opposé son refus arguant des problèmes de sécurité et de « retrait du trait de côte ». Or le risque lié à ce phénomène naturel n’est pas à ce jour répertorié sur le secteur de l’Anse aux Moines. 

A présent les accès sont toujours non autorisés et s’y ajoute une forte dégradation du GR34 au – dessus de la plage de l’Anse aux Moines…

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