L’Anse aux Moines fréquentée malgré l’interdiction
Article du Ouest France daté du 8 août 2025 paru ici.
Sur la digue interdite de l’Anse aux Moines, à Plérin, on rencontre de nombreux touristes, dont Marc, Rachel et Milo Cotter qui habitent en Angleterre.
Les chemins d’accès et la digue de l’Anse aux Moines sont considérés comme dangereux par la Ville, au grand dam des riverains. Pourtant, les touristes sont nombreux à profiter malgré tout
Reportage
Dangereux ou pas, l’accès à la plage de l’Anse aux Moines ? C’est en tout cas ce que considère la municipalité, après des glissements de terrains survenus fin 2022. Se référant aux expertises du cabinet Géolithe, elle a interdit, pour raison de sécurité, l’accès aux sentiers qui y mènent depuis le GR34 d’abord provisoirement puis, fin 2023, définitivement ainsi que l’accès à la digne en contrebas.
De leur côté, de nombreux riverains ne sont pas convaincus du danger. Ils ne considèrent pas non plus que la dégradation du site soit irrémédiable et réclament des travaux de consolidation. Attachés à leur coin de paradis, dont ils souhaitent continuer à profiter pleinement, ils viennent d’ailleurs de créer l’association “Sauvons Tahiti et l’Anse aux Moines”.
« Des grillages sont posés contre les éboulements »
On le voit, le sujet fait débat à Plérin. Cependant, il ne semble guère concerner les touristes, visiblement pas au courant de la possible dangerosité du site, si on en juge par le nombre de vacanciers rencontrés sur place.
C’est le cas de Rachel, Marc et Milo Cotter, qui habitent le Yorkshire, en Angleterre. La famille a loué un Airbnb dans les environs et se promène, ce matin-là, sur la digue.
« C’est interdit de prendre le sentier pour descendre sur la plage ?”, s’étonnent-ils. Nous n’avons pas vu de panneau le mentionnant. C’est regrettable, c’est très beau ici. » Le Yorkshire étant une région de falaises, les problèmes d’érosion ne leur sont pas inconnus.
« Chez nous, des grillages sont posés contre les éboulements », constatent-ils aussi.
Il s’avère qu’ils ont emprunté le sentier dit « des trois plages », devant lequel il y a une barrière et un panneau « Danger éboulements », un portillon vert portant la mention « Accès interdit ». Mais l’arrêté municipal d’interdiction n’y est plus affiché. En effet, le chemin est désormais privé, la mairie vient de le céder au propriétaire d’une maison occupée en location de vacances. « Le portail devait être ouvert », poursuivent les Britanniques. Sans doute par les nombreux joggers qu’on voit l’emprunter ce matin.
« Google nous a mentionné le point de vue »
Sur la digue, on rencontre aussi Cyriel et Lilly, une mère et sa fille habitant la Seine-et- Marne, de passage pour deux nuits dans l’agglomération de Saint-Brieuc. « Google nous a mentionné le point de vue, avec un parking au-dessus du GR 34 (au ni- veau de Bagatelle, N.D.L.R.) et des sentiers qui mènent à la plage, explique Cyriel. On a vu un premier chemin avec un panneau danger, alors on ne l’a pas pris. On a emprunté le deuxième en suivant des gens qui passaient. »
Elles sont donc descendues à l’Anse aux Moines par le chemin qui passe sur le côté de la « maison bleue ». Là, juste des barrières métalliques, et deux panneaux « Attention danger ». Pas d’arrêté d’interdiction affiché, là non plus. Pourtant, l’accès à ce chemin est interdit depuis un an.
Avant, il reliait le GR34 à l’Anse aux Moines par une convention de passage mais la mairie l’a dénoncée. Désormais, personne n’a le droit de l’emprunter, y compris les propriétaires privés des parcelles où il serpente, qui ne peuvent pas non plus utiliser leurs cabanons, en contrebas sur la digue. Le premier arrêté d’interdiction définitive, datant d’août 2024, vient d’être abrogé et l’interdiction est désormais de cinq ans.
« On s’est arrêté pour voir la mer »
Toujours au même endroit, on tombe ensuite sur deux amies, des Cancalaises qui découvrent la baie. « Dans le centre-ville de Saint-Brieuc, on a demandé à des gens la direction du port et, une fois là- bas, on a suivi la côte, confient Mylène et Corinne. On a vu un parking, on s’est arrêté pour voir la mer et faire une balade sur la plage à marée basse. Vous nous dites que c’est interdit ? Franchement, quel dommage, parce que c’est magnifique. Heureusement que chez nous, à Cancale, les falaises sont protégées contre les chutes de pierres. »
Sans inquiétude, ces vacanciers poursuivent leur balade en savourant le paysage.
Emmanuelle MÉTIVIER.